Pourquoi avoir choisi Van Gogh ? Quelle est votre vision générale de cet artiste ?
A.M : – Van Gogh est le peintre de l’expressionnisme. Il ne cherche pas à montrer le monde tel qu’il est, mais à l’exprimer. Cet aspect est exploité à travers les nombreux thèmes de ses tableaux, dans lesquels il n’hésite pas à aller jusqu’à la distorsion des traits. Nous souhaitions mettre en valeur les détails de ses toiles, comme dans La Nuit étoilée, magnifiée par un découpage précis du tableau, des mouvements, l’isolement des étoiles… Nous souhaitions accentuer la perspective également en isolant par exemple, chaque élément de La Chambre à Arles. Le rendu devient fiction enchanteresse qui explose dans toute la surface de projection.
Pourquoi s’être concentré sur la période 1888-1890 ?
A.M : – Parce que c’est en Provence, qu’il touche enfin la lumière du soleil qui exalte la nature, le portrait voire la nature morte ; sa palette de couleurs éclate, le trait devient vigoureux et la composition impertinente. Dès lors, Auvers-sur-Oise apparaît comme une continuité qui ouvre la voie vers la modernité, aux prémices de l’abstraction contemporaine.
Verrons-nous toutes les toiles de cette période ? Sinon, comment s’est opéré le choix ?
A.M : – Nous ne sommes pas sûrs de toutes les connaître… il y en a tellement !
Nous avons créé un panel à l’image de ce que nous souhaitions montrer de son œuvre. Imagine Van Gogh est un parcours, c’est le cheminement du peintre, de la Provence à ce bout de région parisienne qu’est Auvers-sur-Oise. C’est le parallèle avec le parcours de chaque visiteur qui dès lors trouve son aboutissement dans cette exposition.
Pourquoi avoir intégré de la musique ?
A.M : – Cette musique fait le lien entre le visiteur et l’image. Elle lui permet de s’intégrer plus facilement dans le spectacle, elle l’enveloppe. Elle donne une empreinte sonore à la narration visuelle par son rythme et elle renforce tout simplement le contexte émotif.
Sur quoi repose le choix des différentes musiques ?
J.B : – Certains choix sont guidés parce qu’ils correspondent bien à l’époque de l’artiste. C’est le cas de Camille Saint-Saëns. D’autres choix reposent sur l’émotion, le jeu solo d’un instrument tel le violoncelle de Bach…
Il est question d’ « exposition culturelle immersive », de « vidéo projection multiple » : qu’en est-il exactement sur le plan technique ?
J.B : – Imagine Van Gogh utilise les techniques avancées de la multi projection et de l’audio immersif afin de plonger le visiteur au cœur de œuvres de Vincent. Plus de 50 vidéoprojecteurs HD illuminent une vingtaine de voiles révélant l’architecture répartie dans l’espace immersif. Les spectateurs peuvent donc déambuler au milieu des images et découvrir une nouvelle lecture des réalisations du peintre grâce à un mode de présentation original. La musique de grands maîtres du classique tels que Saint-Saëns, Mozart, Bach, Satie… renforce l’impression d’immersion et décuple l’émotion visuelle.
Quels moyens ce concept exige-t-il ?
J.B : – Pour une installation de cette envergure, la totalité combinée des surfaces de projection est énorme. Techniquement, il faut assurer la synchronisation de la musique multicanale avec 55 vidéoprojecteurs gérant du contenu HD. Les serveurs multimédias bénéficient des dernières technologies en termes de processeur, disques durs et évidemment cartes graphiques.